in the ruins
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Jonathan Lacroix
Jonathan Lacroix
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Mer 26 Fév 2020 - 16:34
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septembre 2023.


Les dernières années étaient folles. Trois ans que la guerre a éclaté. Trois années que Paris, la ville de son enfance, n'est plus celle qu'elle était. Les gens ont peu à peu commencé à arrêter de travailler, les commerces ont fermés, devenant des refuges pour les immigrés des quatre coins du monde. Paris, la ville refuge, c'était son surnom. C'était. Parce que tout a changé. Jon venait de finir ses études de médecines. Pendant toute la période de guerre, il était médecin à Paris, aidant et sauvant les militaires, mais surtout les civils, dommages collatéraux de ces atrocités. Il a apprit à parler d'autres langues avec ces nouveaux patients d'autres horizons. Trois ans que Jonathan s'acharnait à vouloir sauver tout le monde.

Et puis la ville refuge a sombré. La France était le dernier pays debout. Paris, la dernière ville qui résistait. Mais toute les choses ont une fin. Et un missile en fut la cause. Beaucoup sont morts. Trop. Les survivants se comptaient en centaines. Quelques milliers tout au plus. Ça remonte à six mois. Les trois premiers mois furent le chaos. Désertique, Paris délabrée, incendier, détruite. Mais IL est arrivé. Le Superviseur des ruines comme il se fait appeler.Un sauveur pour beaucoup. Grâce à lui, les citoyens ont pu rebondir, survivre. Des cabanes se sont construites, des règles aussi. Et une pensée collective. Le Superviseur était un héros, mais dictait sa loi. Une loi unique, ne laissant aucune possibilité de contradiction. De désaccord. Un pouvoir absolu envers une personne inconnu, que jamais quiconque n'a encore vu.

Mais ça ne plaisait pas à tous. Loin de là. Alors un groupe de résistant se sont formés depuis trois mois. Et déjà ils font parlé d'eux. D'abords clamant dans les rues qu'ils se voulaient libres. Mais très vite repoussé par des forces militaires, une armées formé par le Maître : La Milice. Ils ont repoussés les Résistants. Ceux-ci ont du se replier. Fuir dans les décombres, dans les Métros. Ils en ont fait leur repaire. Impossible à trouver si on ne connait pas parfaitement les souterrains.

Et Jon fait partie d'eux. Il est là depuis le début, fidèle ami du meneur qu'il respecte, qu'il admire. Jon en est son bras-droit, son confident. Il veille à ce que la vie dans les souterrains se passent au mieux pour l'ensemble des résistants. Mais ce n'est que le début, alors c'est encore compliqué. Ils dorment sur les sièges des rames de métro à moitiés détruites. Ce n'est pas hygiénique, ni confortable. Beaucoup moins qu'à la surface. Mais au moins, ils sont libres. Libre de penser comme ils le souhaitent. Libre d'être qui ils sont.

Mais les dangers rodes. Ils savent, les résistants, que la Milice les cherchent. Qu'ils ne vont en tout cas pas tarder à les chercher. Et les éboulements sont fréquents... d'ailleurs, un vient d'avoir lieu. Et Jon est là. Jon aide comme il peut, faute de matériel. Il faudra amputer un homme qui vient de se faire broyer la jambe sous des décombres. Mais pas comme ça. Pas maintenant. Si Jonathan opère de suite, la blessure s'infectera et l'homme mourra. « Menez le à la base, faites chauffer de l'eau de pluie et faites aussi bruler la lame d'une scie. » Qu'il ordonne, inquiet. Mais Jonathan ne suit pas les résistants qui l'accompagnent. Parce qu'il a entendu d'autres bruits. D'autres personnes. Et son rôle de médecin, de bras-droit de la résistant et surtout d'humain, et de protéger les siens. «  Partez devant, je vous rejoindrais !  » Et Jon s'en va, tandis que les résistants portent l'homme hurlant de douleur, ne sentant plus sa jambe.

Il fait le chemin inverse. Pour partir à la rencontre des hommes. De l'homme. Pour faire gagner du temps aux résistants, à ses amis. À sa famille. Sur le chemin il récupère une barre en métal. Ne sait-on jamais, il faut qu'il prenne ses précautions même s'il n'aime pas spécialement la violence, il sait maintenant que le monde est dirigé par la violence alors il doit s'adapter.

Mais il n'aura pas à se battre. Du moins, il l'espère. Parce que le visage qu'il rencontre, il le connait. Il le connaissait. « Elijah. » Un ancien ami. Potentiellement un nouvel ennemis, vu l'uniforme des Miliciens.
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Mer 26 Fév 2020 - 17:33
T’avais pas prévu passer la majorité de ton temps dans les tunnels du métro de Paris. En réalité, t’avais pas vraiment de plan pour ton futur. Tu vivais plutôt au jour le jour, au gré de tes envies et de tes impulsions. T’avais pas vraiment besoin de travailler d’arrache-pied pour survivre parce que tes parents avaient bien trop d’argent pour ça. Oh, tu vivais en-dessous de tes moyens, c’est clair, mais savoir que ton compte de banque était toujours bien plein, ça t’a permis de faire un peu ce que tu voulais. Maintenant, cependant, c’est différent. Depuis que tout a planté et que le pire est arrivé, t’as plus grand-chose, comme la majorité des gens autours de toi. Heureusement que t’as jamais été le genre de personne qui préfère se faire servir plutôt que de faire les choses elle-même. Tu survivrais pas dans des conditions pareilles.

Avant la catastrophe, t’étais un peu un justicier dans l’ombre. T’étais loin d’être bon ou bien, en revanche. Ton sens de la justice est assez particulier et t’as pas trop eu le choix de cacher tes activités. Aux yeux de la société et de la loi, t’étais probablement autant un criminel que ceux sur qui tu mettais la main. Mais au moins, toi, quand tu t’endors la nuit, c’est en étant presque satisfait. T’es pas rongé par le remord. Finalement, la destruction de ton environnement a aussi permis de foutre à terre le système qui t’aurait probablement mis en prison. T’as pété un câble, la dernière fois. Mais personne ne le saura jamais.

Depuis un certain temps, tu fais partie de la Milice. Ça te semblait être un rôle approprié. T’as pas mal tout perdu; les gens que tu connaissais, ta famille, le sens de ta vie. T’es pas toujours d’accord avec ce qu’on t’ordonne de faire, c’est clair… Mais t’as encore besoin d’une certaine structure. Sinon, tu sauras pas quoi faire de toi-même. T’avais besoin d’une cause et c’est pour ça que t’es là, dans les tunnels sombres sous la ville. Apparemment, ceux qui forment la résistance sont problématiques, et tu dois les trouver. Alors c’est ce que t’essaies de faire. T’as évité les confrontations jusqu’à maintenant, jusqu’au moment où t’as entendu un éboulement et des cris. T’as vu un homme et tu sais qu’il ne fait pas partie de ton groupe. T’aurais voulu l’aider, mais d’autres sont arrivés, signal pour toi qu’il était temps de déguerpir.

Tu t’es mis à courir mais rapidement, d’autres bruits de pas se sont mis à résonner autours de toi. Tu finis par t’arrêter. De toute façon, si la personne continue de te poursuivre jusqu’au bout du tunnel, t’aurais pas trop le choix de lui faire face. Tu sais te défendre et même si tu es seul, tu penses pouvoir t’en sortir. Tes pieds s’enfoncent dans les débris alors que tu te tiens debout solidement, attendant que ton poursuivant se montre. Puis tu sens ton souffle se couper quelques secondes. Tu reconnais le visage. Tu sais pas exactement ce qui te choque le plus : le fait qu’il soit vivant, ou le fait qu’il soit dans le groupe opposé au tiens? T’irais pas jusqu’à dire que t’as pleuré sa mort potentielle, mais l’idée te faisais encore du mal quand tu t’es levé ce matin. T’as juste fait comme tu fais d’habitude et t’as repoussé ces pensées dans un coin de ton esprit pour tenter d’oublier. Tu voulais pas t’avouer que la disparition de toutes les autres personnes dans ta vie, combinées, était moins douloureuse que la sienne.

Salut, Jon. Ton visage est impassible, et Dieu seul sait à quel point tu travailles fort pour arriver à ce résultat. T’arrives pas à croire qu’il soit encore en vie. T’as essayé de le chercher, au début, mais t’as abandonné. Tu peux pas t’empêcher de te dire que s’il t’avait cherché aussi, peut-être que vous n’en seriez pas là. En réalité, t’en sais rien, mais ton esprit s’active tout seul, comme d’habitude. Alors c’est là qu’on se retrouve, finalement… Toi d’un côté et moi de l’autre. Tu rigoles, mais ça sonne faux. T’as jamais été au même niveau que lui et tu le sais depuis longtemps. Mais voilà que t’as la confirmation que tu le seras jamais non plus. Je pensais pas que tu serais allé te cacher dans les tunnels comme un rat, mais apparemment, je me trompais. Ouais, tu pensais qu’il était mort. Tu devrais sauter de joie de voir que t’avais tort, mais tu préfères dire de la merde et te fermer. Comme le gros con que t'es.
Jonathan Lacroix
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Mer 26 Fév 2020 - 17:34
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septembre 2023.


Jon se retrouve face à son passé. Un passé qu'il croyait détruit, oublié, en ruine comme le reste de la ville. Comme le reste de la majorité de ses proches. Elijah et lui étaient amis. Depuis l'enfance, depuis ses premiers souvenirs. Un duo presque iconique, les gens du quartiers les connaissaient, les deux gamins toujours ensemble, inséparables. Et puis ils ont grandit. Jonathan a fait des études de médecine, et lorsque la guerre a éclaté, il passait la plupart de son temps à l'hôpital. Ils se sont éloignés par nécessité, parce qu'ils avaient chacun prit des chemins différents. Mais l'amitié ne se fanait pas. Ils continuaient de se voir, moins souvent certes, mais dès qu'ils en avaient la possibilité, ils prenaient des nouvelles.

Et puis il y a eu le missile. Paris en feu, en cendres. Jonathan ne sait toujours pas par quel miracle il a survécu à tout ça. Son but premier était de mettre les gens en sécurité, pas lui-même. Et pourtant, il est toujours là. Deux semaines après l'explosion, quand le silence régnait en maître dans la ville, quelques courageux sont sortis des abris. Jon en faisait parti. Il a parcouru les coins possibles de la ville à la recherche de ses proches. Dont Elijah. Mais rien. Aucun signe de vie de son ami. Et malheureusement, Jon ne pouvait se permettre de gaspiller tout son temps à la vaine recherche de survivants qu'il connaissait. Il y avait des vivants, bien présents, qui avaient besoin d'aide.

« Salut, Jon. » Le visage impassible, Elijah n'est plus le même. Jonathan aimerait sourire, voudrait prendre son ami dans ses bras et ne plus le lâcher, jamais. Mais quelque chose dans la voix du Milicien l'en empêche. Ou alors c'est l'uniforme qui le retient. « Alors c’est là qu’on se retrouve, finalement… Toi d’un côté et moi de l’autre. » Deux camps opposés. Deux ennemis. Mais ils sont bien plus que ça, du moins Jon l'espère toujours. Alors un très léger sourire se dessine sur ses lèvres. « Et tout les deux vivants. Je suis soulagé, et heureux. Vraiment. » Parce qu'Elijah représente l'intégralité de son enfance, de son passé. Et le voir en vie, savoir qu'il respire, même s'il est certainement du parti du Superviseur, c'est déjà une petite victoire pour le médecin. « Je pensais pas que tu serais allé te cacher dans les tunnels comme un rat, mais apparemment, je me trompais. » Et voilà, le sourire disparait. Jon comprend maintenant, que rien ne sera comme avant. Que le monde entier a changé, mais que sa relation avec son ancien ami aussi. Mais les enfantillages, ce n'est pas pour Jon. Il n'a plus l'âge. Il a grandit d'un coup, pendant la guerre. Lorsque les responsabilités de la vie des gens lui sont tombés dessus. «  Pardon de te couper, mais je n'ai pas le temps. J'ai un homme sur le point de perdre sa jambe qui a besoin de moi. Alors soit tu m'arrêtes, ou soit tu me laisses partir. Parce que vu ton uniforme, je suppose que tu n'es pas ici pour visiter. » Jon va droit au but, parce qu'il n'a pas le temps d'avoir cette conversation. De recevoir les représailles et la colère injustifié de son ancien ami.
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Mer 26 Fév 2020 - 17:41
Fuck. Il sourit alors que toi, tu vomis des paroles qui sont loin d’être nécessaires. Un sourire, c’est sensé être chaleureux et rassurant, mais le siens te donne plutôt l’impression qu’une main vient de s’enfoncer dans ton torse pour enfoncer ses ongles dans ton cœur. Et pourtant, tu fais comme de rien. Un beau mécanisme de défense, développé depuis ton plus jeune âge. T’avais pas trop le choix vu la famille de merde que t’avais. Avais, oui, parce qu’ils ont tous disparu.

T’aurais pu lui dire que t’es soulagé, toi aussi, ou heureux. À la place, t’agis déjà comme si vous étiez ennemis depuis longtemps. En plus, t’es pas du genre à dire des trucs pareils. T’aimes pas admettre ce genre de chose parce que t’as l’impression d’être faible face à tes émotions. Ton attitude actuelle est loin de représenter comment tu te sens à l’intérieur ou tout ce que tu essaies de réprimer loin au fond de toi. Mais comment est-ce que tu peux être honnête avec lui? Ça détruirait probablement encore plus de choses.

Comme d’habitude, Jon te laisse pas la chance de provoquer. C’est comme ça, entre vous. T’as beau essayer de provoquer des réactions, il sait comment détourner les attaques et te faire comprendre que c’est que des conneries. Alors que toi, même si t’arrives à le faire avec les autres, t’es incapable de le faire avec lui. T’as probablement l’air déchiré, pendant quelques secondes, incapable de garder la façade. Oui, ton rôle maintenant, c’est d’arrêter les gens comme lui.

Tu marches jusqu’à lui, franchissant la courte distance qui vous sépare. C’est tout le temps que tu as pour décider de ce que tu feras. T’as presque envie de l’arrêter, ne serait-ce que pour le ramener avec toi, mais tu sais que ce serait con. Tu peux être clément et tu sais que t’as rien du tout à lui reprocher. Jon, c’est un homme bien mieux que toi, bien moins chaotique. Et pourtant, voilà qu’il fait partie de la résistance et que toi, tu te fais contrôler par des gens au-dessus de toi. Si tu le ramène, tu sais qu’il sera traité comme la pire des pourritures, et c’est bien la dernière chose qu’il mérite.

Tu finis par baisser les yeux pour le regarder. T’as du mal à croire qu’il est vraiment là et que vous devez déjà vous séparer parce que, comme d’habitude, la vie est une chienne. T’as aucune idée de ce que le futur vous réserve et cette incertitude fait en sorte que tu restes planté là, sans bouger. Mais tu soupires de frustration. Je vais pas t’arrêter. Je dirai rien. Me fais pas regretter. Le grand Elijah, en position de pouvoir. D’ordinaire, tu te serais presque senti puissant, d’avoir autant d’autorité sur quelqu’un. C’est loin d’être le cas cette fois. Tu serres les dents. Il va partir. Il a pas le choix et quelqu’un a besoin d’aide, tu le sais. T’as déjà décidé que tu dirais à tes supérieurs que cette section du tunnel est vide. T’es déjà un traitre, avant même de te l’avouer.

Vas l’aider. Je vais revenir dans les prochains jours. C’est ta façon un peu boiteuse de lui demander de venir au point de rencontre. T’as jamais été doué avec ce genre de trucs. Généralement, t’as pas besoin non plus. T’es pas celui qui se met à courir après les autres.
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Mer 26 Fév 2020 - 17:43
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septembre 2023.


Elijah s'approche, et Jonathan ne bouge pas. Il n'a pas laissé tomber la barre en métal qu'il tient. Mais ne la lève pas non plus lorsque le Milicien s'approche de lui. Il est confiant, Elijah ne lui fera rien. Et si jamais il se trompe, il se défendra, sans blesser son ancien ami. Parce que Jon n'est pas comme ça. Lui, il sauve les gens, il ne les attaque pas. Et pendant quelques secondes, les deux se regardent dans le blanc des yeux. Un court instant, Jon meurt d'envie d'enlacer son ami. Il est heureux de le retrouver, même dans ces pénibles circonstances. Savoir qu'Elijah est en vie, même dans le camp ennemi au sien, c'est un soulagement. Mais finalement, le milicien rompt le silence. « Je vais pas t’arrêter. Je dirai rien. Me fais pas regretter. » Une menace ? Une mise en garde ? Le médecin fronce légèrement les sourcils, mais ne dit rien. C'est Elijah qui est en position de force. Un signe de sa part, un cri, et d'autres Miliciens pourraient rappliquer. Et ça, Jon le comprend très bien. Il a l'intelligence de se dire qu'il ne doit pas faire un seul faux pas, car ça lui porterait préjudice à lui-même, mais également à Elijah. Et ce n'est clairement pas le but de Jon. « Vas l’aider. Je vais revenir dans les prochains jours. » Un rendez-vous. Il sait ce que ça veut dire, Jon. Parce qu'il connait les langages d'Elijah. Ils avaient les mêmes. Des mots qui veulent dire des choses, à moitié. Jamais une demande explicite, juste qui laisse supposer. Mais le message est passé, et le docteur hoche la tête avant de disparaître rapidement.

Une semaine.
Sept jours ont passé, depuis cette première rencontre, loin d'être la dernière. Bien entendu, les Résistants ne sont pas resté là. Même si Jon aurait voulu faire pleinement confiance à Elijah, le risque était trop grand. Pour le moment, ils ne peuvent pas se poser quelque part et établir un campement. Pas encore, c'est bien trop récent. Seulement quelques petites mois qu'ils prennent vie, qu'ils se regroupent. Des nouveaux résistants arrivent tous les jours. Alors ils attendaient que les choses se stabilisent un peu avant de vraiment poser leurs bagages quelque part et d'établir une stratégie digne de ce nom.

Mais Jon n'a pas oublié le rendez-vous. Il angoisse, appréhende cette nouvelle rencontre. Une part de lui, sombre pensée, se dit qu'Elijah a peut-être changé d'avis et lui tend un piège. Jon se pointerait au lieu de rendez-vous, et Elijah serait accompagné d'une dizaine d'autres miliciens. Mais c'est un risque fou et stupide qu'il est prêt à prendre. Pour revoir son ami. Pour comprendre son ami. Ils étaient si proches avant, des frères. Et maintenant, leurs idéaux les séparent. Ils n'ont plus la même vie. Et Jonathan sait que ces retrouvailles vont changer les choses. Qu'à l'issue de cette rencontre, ils repartiront soit en terrain neutre, ou alors, le plus probable, en ennemis.

Il est à l'heure. Comme toujours. Barre de métal dans une main. Flingue dans la poche arrière. Prévoyant des dangers qu'il pourrait rencontrer. D'une embuscade. Et il se doute qu'Elijah aussi, ne viendra pas ici les mains dans les poches. Lui aussi pourrait s'attendre à une embuscade des Résistants. Fort heureusement, ils ne sont que deux. Et, adossé contre un mur du tunnel, voilà que Jon se redresse en apercevant la silhouette de son supposé ami s'avancer vers lui. « Elijah, personne ne t'a suivit ? » Façon subtile et polie de lui demander s'il est bien seul. Parce que Jon n'est jamais dans l'accusation, ce n'est pas son genre. « De mon côté, je suis seul. Mais je ne pourrais pas tarder de trop, je ne veux pas inquiéter inutilement les autres. » Encore une fois, une autre façon de prévenir Elijah que les Résistants sont au courant que Jon n'est plus avec eux. Qu'il avait des choses à faire autre part.
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Mer 26 Fév 2020 - 17:43
Vous vous êtes séparés, juste comme ça, aussi vite que vous vous êtes retrouvés. T’as jamais formulé clairement que tu voulais organiser une rencontre, mais tu sais qu’il comprend. Jon, il te connaît depuis longtemps et mieux que personne. Ça t’empêche pas d’essayer de mentir, parfois, et de cacher ce que tu penses. Tu sais qu’il sait la vérité, bien souvent, mais y’a quand même des choses que t’as réussis à garder secrètes même jusqu’à maintenant.

T’as pas eu de mal à retourner voir tes supérieurs et dire qu’il s’était rien passé d’autre qu’un éboulement dans le tunnel. Personne s’est posé de questions, d’autres l’ont entendu aussi et ont donc vaguement confirmé ta version des faits. T’es allé dire que le chemin était bloqué et l’intérêt pour cette section sous-terraine a donc diminué. Tu t’es mis en danger pour protéger ton ami, et t’es pas encore sortis de l’eau chaude.

Une semaine après vos retrouvailles, voilà que tu retournes sur les lieux où tu lui as donné rendez-vous de façon très peu explicite. Aucune idée s’il va être là ou pas, mais c’est d’un pas décidé et confiant que tu marches, une lampe de poche dans la main. Tout ça, c’est qu’une façade, celle que tu t’efforces de garder depuis des années. En réalité, t’as l’impression qu’une force invisible est en train de te tordre les entrailles dans tous les sens. Peut-être que Jon va décider de ne pas venir. Après tout, vous êtes dans des camps opposés et t’as beau lui avoir permis de fuir la première fois, peut-être que ce sera pas toujours le cas. T’en sais rien toi-même. Tu te sens coincé dans une situation un peu impossible, en ce moment.

Tu vois une silhouette au loin et tu fermes la lampe. T’as probablement déjà donné ta position mais au moins, la personne risque de ne pas te voir arriver jusqu’à ce que tu sois seulement à quelques mètres d’elle. T’es préparé pour un conflit éventuel, armé en conséquence. De toute façon, faisant partie de la Milice, tu ne circule jamais sans armes. T’aimes pas trop les utiliser mais vu les circonstances, t’as pas trop le choix. T’as toujours été une personne plus physique, qui préfère se servir de ses poings. C’est pas pour rien que t’as une carrure pareille.

Difficile de pas reconnaître ta vieille connaissance. Tu constates que lui aussi, il est prêt. T’aimes vraiment pas cette vision. T’as jamais imaginé Jon armé jusqu’aux dents, prêt à tabasser quelqu’un. Mais qui ne changerait pas dans ces conditions? Non. Tu me connais; je fais mes trucs en solo. J’aime pas m’encombrer des autres. T’essaies pas d’être sarcastique, mais t’es tendu. T’es pas trop sûr comment le message sera interprété, mais tout ce que tu veux dire, c’est que tu préfères bosser seul. Le silence est lourd alors que tu sais pas trop quoi dire. T’as envie de lui poser des questions, savoir comment il a réussi à survivre, comment il s’est retrouvé chez la résistance, qu’est-ce qu’il fait de ses journées. Pourtant, t’as un nœud au fond de la gorge, une sensation que tu ressens pas très souvent.

J’ai dit aux autres que l’éboulement a bloqué le tunnel. Personne est venu dans le coin depuis. Tu sais ce que ça pourrait me coûter? Tu fais un peu les cent pas. De la nervosité, peut-être. Qu’est-ce que t’es en train de foutre, exactement? T’en sais rien. C’est hyper dangereux pour moi, si quelqu’un découvre que j’ai raconté de la merde, tu risques pas de me revoir…Mais de toute façon tu t’étais déjà fais à l’idée j’crois. C’est sorti tout seul et tu regrettes déjà. En réalité, t’es en colère contre lui. T’es en colère parce que tu t’encombres pas des gens d’habitude, c’est vrai. Tu t’encombres pas de leurs sentiments, du drame qui vient avec, du bouillonnement que les émotions peuvent causer chez toi. Tu les repousses avant de te rendre à ce point. Mais Jon, c’est différent. Et tu te sens con d’avoir cherché pour rien alors qu’au fond, il devait être trop occupé avec ses manigances du côté de la résistance pour faire la même chose. T’es frustré parce que t’arrives pas à dire que t’as eu mal, à l’intérieur.
Jonathan Lacroix
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Mer 26 Fév 2020 - 17:44
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septembre 2023.


Il est sur ses gardes Jon, toujours. Parce qu'il est sérieux et droit, qu'il pense à la sécurité avant tout. Alors il est armé, même s'il doute s'en servir. Parce qu'il est négociateur plutôt que bagarreur. Mais avant ça, il est soigneur. Il pense aux autres avant lui. C'est pour ça qu'il demande subtilement à Elijah s'il est venu seul. « Non. Tu me connais; je fais mes trucs en solo. J’aime pas m’encombrer des autres. » Avant, ce n'était pas le cas. Il n'y avait pas de solo. Mais un duo. Sauf que la guerre a changé tout ça. Le duo s'est éloigné jusqu'à se briser. Et maintenant, il ne reste que deux anciens amis qui laisse un silence tendu entre eux. Et ça encore, c'est différent. Parce que Jon lui, n'est pas un solitaire. Lui, il travaille en équipe, pour les autres. Il appartient à une communauté, à un groupe. Les Résistants, son peuple à lui. Sa famille. Et il a un rôle important, du moins, c'est ce que les autres disent. C'est le médecin, celui qui prend soin d'eux. C'est aussi le bras droit du chef des Résistants. L'homme de confiance. La tête pensante. S'encombrer des autres, c'est ce qui le fait vivre, Jon. Et il aimerait bien s'encombrer d'Elijah, mais trop de choses les sépares. Rien ne sera jamais plus comme avant.

Et Elijah reprend la parole. Brise le silence. « J’ai dit aux autres que l’éboulement a bloqué le tunnel. Personne est venu dans le coin depuis. Tu sais ce que ça pourrait me coûter ? » Le Milicien fait les cents pas et ses mots sonnent comme des reproches. Ça ne plait pas à Jon. Il n'a rien demandé. Elijah n'a pas le droit de lui en vouloir. Et pourtant, Jonathan comprend l'enjeu. Les risques que le Milicien a prit. « J'imagine très bien oui. En tout cas, grâce à ça, un homme a perdu une jambe, et non la vie. » Parce que si les Miliciens avaient rappliqué, Jon n'aurait pas pu sauver la vie du Résistant. Alors Elijah a prit des risques, mais son acte était pour la bonne cause. « C’est hyper dangereux pour moi, si quelqu’un découvre que j’ai raconté de la merde, tu risques pas de me revoir…Mais de toute façon tu t’étais déjà fais à l’idée j’crois. » Jon a l'impression de faire face à un enfant capricieux. Elijah est en colère, et cette colère n'est pas justifiée. Alors le médecin fronce les sourcils, semble s'impatienter. Il n'aime pas perdre son temps. « Je ne vais pas me mettre à genoux et remercier le ciel que tu sois en vie. Je t'ai déjà dis que j'étais heureux que tu le sois. Et tu sais que je t'ai cherché, j'en suis certain. Tout comme je ne remettrais jamais en doute le fait que tu m'as certainement cherché aussi. » Jonathan prend une posture plus droite, ne cesse de regarder Elijah dans les yeux. Il y a un contraste entre les deux. L'un fait les cents pas, ne sait où comment ranger ses pensées. L'autre est stoïque et droit. Sait exactement où il va. « Maintenant si tu as encore des reproches infondés à me faire sur la tragédie nucléaire qui a eu lieu, garde les pour toi. Je pense que si je suis ici, c'est plutôt pour parler de nos groupes. Tu es Milicien, je fais parti de la Résistance. »


Dernière édition par Jonathan Lacroix le Mer 26 Fév 2020 - 17:47, édité 1 fois
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Mer 26 Fév 2020 - 17:44
T’es soulagé de savoir que le type que t’as pas pu aider a survécu à la suite de ses blessures. En même temps, t’es pas trop surpris. Jon a toujours été brillant, bien plus que toi. Ses connaissances au niveau de la médecine sont probablement très utiles pour les gens autours de lui, et c’est certainement grâce à elles que l’homme est toujours en vie. Toi? T’es plutôt la force brute. T’es celui qui transporte les autres jusqu’à l’endroit où ils recevront une assistance. Mais bien souvent, t’es celui qui casse la gueule de quelqu’un au profit d’une autre personne. T’as jamais été quelqu’un qui a accepté de l’argent simplement pour tabasser une personne, sans avoir l’histoire derrière.

Tu finis par arrêter de marcher. Alors comme ça, t’es pas le seul à avoir cherché l’autre. Au fond, il a raison, comme d’habitude. Tu le savais mais t’as toujours été incapable d’exprimer ta peine correctement. T’as appris à l’évacuer à travers la colère. Même si tu savais, au fond de toi, que Jon t’aurais pas seulement abandonné comme ça, tu t’es donné une raison de lui en vouloir pour dissimuler la tristesse que sa disparition te causait. Si t’avais appris à juste dire ‘’merci; tu m’as manqué; je suis blessé’’, les choses dans ta vie se seraient probablement passées différemment. Malheureusement, t’es pas la seule personne coincée dans tes chaussures. C’est ce qui arrive quand tes parents ne savent pas comment aimer.

Tu ressens l’impulsion qui te pousse à répliquer, mais tu te mords la langue pour te retenir. Faut que t’arrêtes de dire de la merde tout le temps. La seule personne qui bloque le dialogue, ici, c’est toi. Tu prétends toujours vouloir parler et être prêt à écouter mais dès que tu sens les émotions te remonter à la gorge, tu attaques pour les cacher. En réalité, ce qu’il dit te perce un peu le cœur. T’es pas revenu ici pour parler de vos groupes. Tu lui as pas donné rendez-vous subtilement pour discuter de ce genre de choses. T’avais juste envie de le revoir et tu espérais que ce serait la même chose de son côté. Apparemment, non. Tu reprends donc une posture droite, toi aussi, reprenant ton rôle d’Elijah le Milicien.

Ouais, j’avais cru comprendre. J’ai rejoint la Milice parce que je sais rien faire d’autre. Je savais pas où aller. Je me suis dis que contribuer à maintenir l’ordre, c’était tout ce que je pouvais faire. Mais je vais avouer que je suis confus. Tu connais pas grand-chose de la Résistance, maintenant que tu y penses. Peut-être qu’au fond, t’es qu’un pion au service de personnes au-dessus de toi, qui gardent certaines informations pour elles. Tu te fais répéter que la Résistance, c’est l’ennemi. Pourtant, t’as jamais vu Jon comme un adversaire. Un rival, peut-être, sans plus. Il est plus gentil que toi, bien plus. Pourquoi est-ce qu’il ferait partie d’une organisation qui vient foutre le bordel?

Je veux connaître tes motifs. J’crois que si je me retrouve à mentir à mes supérieurs, j’ai au moins le droit de savoir ça. Parce que je te connais, et ce que je connais colle pas du tout à ce qu’on me répète. Je vais pas te demander de me dire vos plans. Tu me diras si j’ai tort mais je crois pas que tu me fasses autant confiance. Plus maintenant. Et t’es pas le genre à révéler des trucs juste parce que… Parce que vous êtes amis? Étiez? T’es plus certain de rien. Tu sais que sa position et la tienne font en sorte que vous ne pouvez plus faire confiance à l’autre comme avant. Ta mâchoire se serre à cette idée. Je veux juste connaître tes raisons, à toi.


Dernière édition par Elijah Moore le Ven 6 Mar 2020 - 20:49, édité 1 fois
Jonathan Lacroix
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Mer 26 Fév 2020 - 17:50
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septembre 2023.


C'est compliqué cette situation. Parce que d'un côté Jon meurt d'envie de prendre son ami dans ses bras, de savourer la joie de l'avoir retrouver, qu'il soit en vie. Mais de l'autre côté, il doit protéger quelque chose d'important. Quelque chose de plus haut que lui. La résistance. Pas forcément les résistants eux-même, bien que Jon étant ce qu'il est, fera toujours tout pour protéger les gens, qu'ils soient alliés ou ennemis. Mais pour protéger l'idée même de cette Résistance, des idéologies importantes pour beaucoup. Contre celles du Supérieur. Et malheureusement, tout ceci est bien plus important que lui. Que son amitié envers Elijah.

« Ouais, j’avais cru comprendre. J’ai rejoint la Milice parce que je sais rien faire d’autre. Je savais pas où aller. Je me suis dis que contribuer à maintenir l’ordre, c’était tout ce que je pouvais faire. Mais je vais avouer que je suis confus. » Le médecin n'aime pas cette réponse de facilité. Rejoindre la Milice parce qu'Elijah ne savait pas quoi faire d'autre ? Ce n'est pas une réelle conviction. Mais d'un côté, il ressent l'espoir. Parce que peut-être, qu'au fond, Elijah ne partage pas les idéologies d'une pensées collective et d'une dictature. Peut-être que son ami n'est juste qu'un pion qui attend d'être placé et déplacé. Mais Jon ne veut pas rallier Elijah à sa cause. Pas comme ça. Elijah mérite de penser par lui même. De choisir lui-même. Après tout, c'est pour la libre pensée que la résistance se bat. « Je veux connaître tes motifs. J’crois que si je me retrouve à mentir à mes supérieurs, j’ai au moins le droit de savoir ça. Parce que je te connais, et ce que je connais colle pas du tout à ce qu’on me répète. Je vais pas te demander de me dire vos plans. Tu me diras si j’ai tort mais je crois pas que tu me fasses autant confiance. Plus maintenant. Et t’es pas le genre à révéler des trucs juste parce que… » Jon reste pendu aux lèvres du Milicien, sachant pourtant pertinemment qu'il n'aura pas la suite de cette phrase. Aucun des deux ne connait cette suite. Juste parce que, il y a tant de possibilité et pourtant aucunes de semblent convenir à ce qu'ils sont.

« Je veux juste savoir tes raisons, à toi. » Elijah veut de l'honnêteté. Et il sait qu'il l'obtiendra de Jon. Parce que le médecin n'est pas un menteur, pas un usurpateur. Il agit en pleine conscience de ses actes et de ses ambitions. Il ne dissimule pas, Jon, il est entier. Alors il soupire, regarde le Milicien dans les yeux. « Parce que je veux être libre, El. » Ce surnom, souvenir d'une amitié qui n'est pas encore totalement oubliée. Paroles de libertés mêlée à de la complicité. Jon ne cherche pas à faire ouvrir les yeux d'Elijah. Il cherche simplement à s'exprimer. « C'est devenu n'importe quoi la-haut. La guerre, toute les personnes mortes... Et ce missile. Et puis il y a eu une voix. Celle du Supérieur. Une voix unique pour guider tous les hommes et remplacer leur propres voix. » Jon a toujours était un bon orateur. Il fait des discours avec passion, avec son coeur. « Son régime est en place depuis seulement quelques mois, et déjà la peur s'installe. Les gens d'en haut n'agissent plus comme ils le souhaitent. Ne pensent plus comme ils le veulent. Le Supérieur contrôle tout et tout le monde. » Son regard pétille, étincelle lorsqu'il se met à parler de sa cause. « Et la Résistance est là pour contrer tout ça. Pour offrir une chance à ceux qui veulent penser librement, pleurer ou encore s'aimer. On souhaite simplement être libre. Et à peine le Meneur de la Résistance a évoqué cette idée, que le Supérieur nous envoie des Miliciens pour nous faire taire. » Et puis le sérieux revient lorsque Jon replante son regard déterminé dans celui d'Elijah. « Tu t'en rends compte, n'est-ce pas, que c'est une dictature qui s'installe ? »
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Ven 6 Mar 2020 - 21:18
Tu croises les bras et tu l’écoutes, en silence. T’es pas en désaccord avec ce qu’il dit, bien au contraire. C’est un vrai foutoir à la surface, en fait. Peut-être que c’est pour ça que t’as décidé de te balader dans les tunnels, au fond. T’en as pas grand-chose à faire de découvrir où les résistants se trouvent, mais t’es pas convaincu de leurs motifs non plus. Toi, ton boulot, c’est d’explorer et rapporter ce que tu trouves – ou pas. T’aimais bien le rôle quand on t’a donné l’option. Ton but principal, c’est pas d’attaquer qui que ce soit. Tu déambules dans les tunnels sombres, en solo. C’est loin d’être une vie de luxe, c’est clair. Mais au moins, quand t’es en-dessous, t’es loin des tumultes de la surface et des gens.

Ah, tu retrouves Jon maintenant. Tu entends son discours changer, tu vois la motivation au fond de ses yeux, et tu comprends. Peu importe ce que n’importe qui pourrait bien lui dire, incluant toi, le faire changer d’idée est impossible. Honnêtement, tu sais pas trop quoi penser en ce moment. Tu lui as toujours fais confiance mais d’un autre côté, l’univers entier est complètement déboussolé. T’as vu des gens faire des trucs sans scrupule aux autres en essayant de survivre, ou perdre tout espoir. T’es pas certain de ce qui se passe dans sa tête parce que vous avez été séparés un moment. Trop longtemps pour que tu puisses confirmer tout ce qu’il dit sans aucun doute. Une chose est certaine, c’est que toi, t’as pas cette lueur au fond des yeux. T’as pas grand-chose dans le regard, rendu à ce point.

Je sais que les gens deviennent souvent un peu cinglés s’ils manquent de direction dans des conditions pareilles. Alors honnêtement, j’en sais rien. Je sais pas jusqu’à quel point c’est bien ni à quel point c’est mal. Je remonte rarement à la surface depuis un moment et pour l’instant, ça me convient. Oui, toi qui sacrifiais bien des choses pour les autres, sans pour autant le dire, voilà que tu t’enfuis des gens pour vivre de façon solitaire dans les tunnels. T’avais pas envie de t’accrocher aux autres. En fait, t’avais pas envie de croire que tout ça, c’est réel. T’as pris une option facile, qui te demande pas particulièrement de réfléchir. Tu suis les directives; t’es en train de te transformer en mouton.

J’sais pas ce que tu espères de plus Jon, ce que tu attendais que je dise. Je suis pas venu ici pour discuter de ça ou que t’essaies de me rallier à ta cause. Si c’était ton but bah, tu perds ton temps. J’ai pas de motivation pour ça. J’ai des trucs à faire, et c’est tout. J’crois pas que ton groupe a besoin de moi. T’aurais aimé qu’il te demande de suivre pour toutes les raisons du monde sauf celle-là. Pas parce qu’il a besoin d’élargir les rangs de sa rébellion. Pas parce qu’il a besoin de gens forts pour aider dans les projets de la Résistance. Juste parce que c’est toi. T’hausses les épaules. Tu vas pas lui dire ou agir comme si t’étais blessé. T’as assez souffert depuis un moment, t’as pas envie d’en rajouter. Autre chose à ajouter? En réalité, tu voudrais pouvoir passer plus de temps avec lui, mais tu préfères la fuite. T’aimes mieux le repousser plutôt qu’endurer un échange qui te rend mal à l’aise et qui est loin de ce que tu espérais.
Jonathan Lacroix
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Jeu 19 Mar 2020 - 11:07
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septembre 2023.


Il parle avec son coeur et son âme Jon, depuis toujours dès que quelque chose lui tient vraiment à coeur. Alors parler de la Résistance est si facile pour lui, les mots se déversent naturellement, sortent du coeur et de l'esprit, sortent de ses tripes. Parce qu'il a une véritable haine contre le Superviseur, contre cette dictature qui entrave les citoyens, contre la Milice qui abuse de leur autorité. Mais ce qu'il espère, c'est que cette haine ne s'étendra pas jusqu'à Elijah. Il fait parti de camp opposé, de l'ennemi. Mais il n'en oublie pas qu'en premier lieu, il est un ami. Son plus précieux ami par le passé. Maintenant les choses ont changé, Jonathan a des nouveaux proches, dont les co-chefs de la rébellion. Ils sont même plus que des amis, ils sont sa famille, ses frères et ses soeurs. À défaut d'avoir perdue sa véritable soeur qui les liés par le sang, celle-ci ayant préférée les rayons du soleil et la tyrannie d'un meneur imposant sa libre pensée.

Mais le médecin n'oublie pas son passé. Il n'oublie pas Elijah. Jonathan espère sincèrement que ses mots seront assez convainquant pour faire pencher la balance. Il n'a pas pour but de changer le Milicien, ni de le recruter. Simplement de lui ouvrir l'esprit à une possibilité de changement, ce serait déjà un grand pas. Mais le soldat reste droit, presque impassible. « Je sais que les gens deviennent souvent un peu cinglés s’ils manquent de direction dans des conditions pareilles. Alors honnêtement, j’en sais rien. Je sais pas jusqu’à quel point c’est bien ni à quel point c’est mal. Je remonte rarement à la surface depuis un moment et pour l’instant, ça me convient. » La réponse ne plait pas au Médecin, qui trouve que c'est un échappatoire trop facile. Elijah se met des œillets et se voile la face parce que c'est plus facile pour lui. Où est donc passé l'esprit révolté et libre de son ami ? Celui qui ne pouvait se mettre en cage tant ses envies et ses idées prônaient dans son esprit ? Cet Elijah là semble bien loin du souvenir qu'il en reste. « J’sais pas ce que tu espères de plus Jon, ce que tu attendais que je dise. Je suis pas venu ici pour discuter de ça ou que t’essaies de me rallier à ta cause. Si c’était ton but bah, tu perds ton temps. J’ai pas de motivation pour ça. J’ai des trucs à faire, et c’est tout. J’crois pas que ton groupe ait besoin de moi. » Jonathan se renfrogne. Se retient de froncer les sourcils.

J'crois pas que ton groupe ait besoin de moi.
Ce sont les mots d'Elijah. Certainement a-t-il raison. La Résistance se porte bien, et même si un combattant comme Elijah serait un plus, il n'est pas indispensable. Pour le Rébellion. Mais pour Jonathan ? Son ami lui manque. Celui avec lequel il refaisait le monde. L'esprit fou et le posé. Deux opposés. Ils étaient pourtant si proche. Trop proche. Il fut un temps où Jonathan affectionnait un peu trop Elijah. Mais ce temps semble maintenant si loin. Trop loin. « Autre chose à ajouter ? » Jonathan est resté silencieux un bon moment. Il ne veut pas s'engueuler. Il ne veut pas penser aux sentiments contradictoire qu'il ressent. Alors il garde un visage neutre, le regard planté dans celui du Milicien. « Très bien, après tout, c'est tes choix à toi, je n'ai rien à ajouter. » Jonathan doit partir. C'est ce qu'il devrait faire. Mais s'il le fait il s'arrache à Elijah. Il n'a pas envie qu'un faussé encore plus profond se creuse entre eux.

Alors le médecin soupire, ferme les yeux deux-trois secondes, avant de s'avancer vers Elijah. Sa main se lève, se dépose sur l'épaule adverse pour venir la presser doucement, d'un signe amical peut-être. « Je ne sais pas ce qu'il se passera lorsqu'on se re-croisera mais.. Elijah, prend soin de toi. » Un conseil. Une demande personnelle car la crainte de perdre Elijah pour de bon est présente. Mais ce geste ne dure qu'un court instant avant que Jonathan relâche l'épaule du Milicien et ne se recule.

Pourtant il ne part pas. Pas encore.
Ce ne sera pas lui qui tournera le dos et qui abandonnera.
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