never be enough (ash&ange)

La vie est calme pour Ash. Il ne se prend pas la tête, c'est sa philosophie depuis toujours. Comme disait une chanteuse française avant qu'elle ne soit tuée comme beaucoup d'autres, il n'a qu'une philosophie : être accepté comme il est. Du coup Ash ne se soucis pas de ce que peuvent bien penser les autres de lui, il fait sa petite vie, son bout de chemin pépère en livrant les journaux de la Propagande pro Superviseur, et voilà. Lui, il n'a pas d'opinion sur ce qu'il se passe. Il ne s'est jamais posé la question parce que ça lui passe au dessus. Le Superviseur, il s'en fou un peu. Peut-être que c'est qu'un sale con qui ne laisse pas à son peuple la libre pensée, et peut-être bien aussi que sans lui les gens seraient bien tous dans la merde. C'est la même chose pour les Résistants, de toute façon ils sont sous terre donc Ash ne les voit pas. Et ce qu'il ne peut pas voir n'est pas vraiment un problème, pas vrai ?

La seule chose à la rigueur qui enquiquine notre livreur de journaux préféré, c'est la Milice. Ha eux, c'est pas trop les copains d'Ash. Faut dire que l'énergumène se retrouve souvent à décuver dans les rues, avachi contre un mur avec son propre vomit dessus. Allez savoir pourquoi, les Miliciens n'ont pas l'air de trop apprécier le fait d'être obligé de raccompagner Ash en cellule de dégrisement très (trop) régulièrement. D'après eux, ils n'auraient pas que ça à foutre, mais bon, apparemment le Superviseur aime l'ordre et c'est vrai qu'Ash fait un peu tâche, assis par terre à hurler des chansons paillardes.

Comme très souvent, Ash est en vélo. On ne peut pas lui retirer le fait de faire du sport, ça c'est certain. Il ne fait pas vraiment exprès, mais à force de pédaler toute la journée depuis la période où la France était encore le pays refuge, donc depuis environ quatre années, il faut dire qu'il se maintient bien en forme le gus. Alors c'est tout joyeux en zigzaguant entre les passants qu'il roule sur son vélo, quelques journaux encore présents dans son panier. C'est le début de soirée, et il a terminé ses livraisons. C'est un métier vraiment pépère, tout ce qu'il lui faut. Les gens le connaissent tous ici, à force d'aller les voir au moins une fois par semaine pour distribuer le journal, sa tête est connue. Et souvent, la tristesse fait boire. L'espoir aussi. Et Paris est remplit de gens tristes ou de gens qui ont retrouver l'espoir grâce au Superviseur. En tout cas, des gens qui boivent, c'est pas ce qui manque ici. Question agriculture, y'a peut-être encore des progrès à faire, mais faut bien avouer que pour la binouse, les survivants n'ont pas trop attendu avant de se remettre en scelle. Mais bon, c'est compréhensible aussi, ça réconforte les coeurs suite à la perte des proches, des maisons et tout le tralala. Et du coup, très souvent, ceux qui prennent le journal (qui est obligatoire, un par foyer minimum... bah oui, faut bien que le Superviseur fasse parler de lui !) proposent parfois (trop souvent) à Ash de partager un petit verre. Alors il n'est pas rare que le soir, il finisse sa tournée en ne pédalant plus droit. Comme ce soir.

Le vélo tombe au sol. Oups. Ash n'a pas vraiment cherché à le ranger correctement. Il n'est pas tombé par terre avec, c'est déjà ça. Il doit enjamber les deux-trois journaux étalés au sol pour finalement pousser la grande porte en bois de son endroit préféré au monde : l'Aiguille Rouge. Ha franchement, sans l'alcool et le sexe, que deviendrait le monde ? Il était déjà client de cet établissement lorsque le couple Chaney le dirigeait. Faut dire qu'Ash utilise les services des femmes de plaisir depuis sa majorité. Parce que quand il vivait encore en Angleterre, juste avant que la guerre n'éclate et que son père et lui deviennent des réfugiés en France, et bien le cher pôpa d'Ash passait son temps dans les bordels. Et le petit garçon qu'il était, dessinait tranquillement sur une table devant la chambre, pendant que quelques putes s'occupaient de son paternel. Ash a grandit entouré de femmes de petites vertus, c'était un peu ses mamans de substitution. Et lorsqu'il a été envoyé en France avec son père, un an après la guerre, il était déjà un homme, et son père et lui venaient régulièrement à l'Aiguille Rouge pour passer du bon temps. Une activité très saine entre père et fils.

Lorsque la guerre a éclaté en France et que le missile à réduit la ville en cendres, et bien rip le paternel. Mais ça fait déjà trois années, et Ash a reprit ses bonnes habitudes en retournant dans son établissement préféré. « Salut la populace ! » Qu'il lâche en se tenant à la porte en bois. Ce n'est vraiment pas rare de voir Ash venir ici, bourré comme un cochon. Il tient à peine debout, clairement il ne pourra pas assurer ce soir, avec toutes les femmes qui ne demandent que son corps (lol). Mais depuis trois années, y'a comme un petit rituel qui s'est installé ici. Ash, c'est plus qu'un client, c'est l'âme de cet établissement presque. Un ami des putes et d'Ange, le tenancier. Alors c'est souvent qu'ils viennent l'aider à décuver et qu'ils s'occupent de lui. Après tout Ash, même s'il ne l'avoue pas, ce qu'il cherche avant tout, c'est d'être aimé et entouré. « Servez moi un whisky sans glaçons ! » Il lâche la porte et s'avance doucement vers le comptoir, en titubant comme un idiot et en tentant de danser, ce qui ressemble plus à une souris prise dans de la pâte collante.